Au plan politique, les progrès en matière de bonne gouvernance s'invitent ici et là mais ils restent globalement insuffisants pour créer un réel effet d'entrainement. Les quelques pays qui tentent de donner le bon exemple voient malheureusement l'impact de leur action être neutralisé par la grande majorité de régimes corrompus et incapables de donner à leur populations un minimum de condition de vie acceptable. Au plan social, il y a encore en Afrique des pays où les capitales dorment dans le noir et sans eau potable à cause de l'incapacité des gouvernants à rompre le cercle de la pauvreté endémique. Ces régimes donnent à l'Afrique l'image d'un continent marchant à reculons car rien n'a vraiment changé après plus de quarante années d'indépendance. L'on a parfois l'impression que les difficultés se sont aggravées car même le peu d'infrastrutures en place est détruit par d'interminables conflits ethniques pour la conquête du pouvoir politique. La grande et la petite corruption ont installé partout des toiles bien tissées, phénomènes favorisés par l'impunité, le manque de justice et l'insatiable désir du gain immédiat.
Des partenaires au développement ont parfois eu à injecter de l'argent dans ces systèmes, espérant aider à une légère amélioration de la situation. Mais beaucoup d'entre eux sont repartis découragés par le manque de résultats encourageants. C'est alors que certains se demandent s'il vaut encore la peine de continuer d'aider l'Afrique.
J'ai été interviewé à plusieurs reprises par des journalistes occidentaux et cette question est toujours revenue : "Est-il encore possible de sauver l'Afrique ?"
En tant qu'africain, je suis profondément blessé par cette triste situation. Tous les africains n'ont pas choisi de vivre ainsi. Contrairement à ce que certaines gens mal informées pensent, les africains sont les premiers à souffrir de cette tragique situation. Et ils se sentent davantage humiliés quand des Occidentaux à longueur de journée répètent à leurs oreilles par l'entremise des médias ce qui va mal en Afrique. Cela ne fait que rajouter à leur misère. Malheureusement, les médias ne parlent pratiquement que des mauvaises choses qui se passent sur ce continent comme si tout ce qui se passe en Afrique n'est que du négatif, du barbare et du sauvage.
Les jeunes avec qui je parle sont préoccupés par ces réalités de terrain, qui souvent les révoltent. Certains se battent mais ils finissent par perdre courage, et finalement se retrouvent tentés par l'immigration, pour aller chercher ailleurs ce qu'ils n'arrivent pas à trouver chez eux.
Pourtant, je voudrai croire en la capacité de l' Afrique à rebondir. En effet, la survie actuelle de ce continent est déjà l'objet d'un miracle. Je ne sais pas quel autre continent aurait-il pu résister à tant de violences et d'humiliations subies tout au long de son histoire. En commençant par le monde Arabe puis le monde Occidental, chacun est venu ici chercher des esclaves, en se trouvant des complices africains, ou en usant de manipulation diverses y compris les choses matérielles. La colonisation vint noircir encore plus le tableau de ce rappport violent que le continent a eu avec le reste du monde. Mais l'Afrique reste encore debout même si elle ne tient qu'en s'arcboutant.
C'est justement parce qu'elle est encore capable de puiser en elle des réserves insoupçonnées qu'elle n'a pas disparue, déchiquétée et distribuée en petits morceaux. C'est pourquoi, nous sommes invités à être attentifs à cette Afrique qui est capable de rebondir.
Ceux qui sont si sévères vis-à-vis de l'Afrique gagneraient à être un peu plus humbles. En effet, si l'on jette un coup d'œil rapide sur l'histoire de l'humanité, l'on sera tout de suite éclairé et rendu humble. Nous savons du reste que l'Europe n'est pas parvenue à sa situation de développement actuel en un siècle. L'Europe a existé pendant plus de deux mille ans avant qu'elle ne connaisse son développement technologique actuel qui donne l'illusion dêtre très ancien. Mais nous devons rappeler à nos mémoires que dans les années 1940, il n'y avait pas encore de train électrique en Europe. En hivers, les maisons étaient chauffées au charbon . La révolution des nouvelles technologies de l'information n'a pas encore 50 ans. Toutes ces choses décrites comme la marque du développement s'offrent à nos mémoires comme des choses lointaines. Elles sont pourtant si nouvelles comparées à l'âge de l'humanité. Il y a simplement eu comme une accélération du cours de l'histoire, ce qui a permis à l'Europe d'être ce qu'elle est aujourd'hui. Je ne sais même pas si sa situation actuelle est fondamentalement enviable. Il se peut que l'histoire à venir nous en dise le contraire.
La Chine est aujourd'hui classée au rang de grandes puissances mondiales. Pourtant, qui aurait parié il y a juste 50 ans que la Chine serait au niveau où elle se trouve actuellement ?
L'histoire nous apprend aussi que les modernités et les civilisations se meurent, pour qu'en naissent d'autres, intrigantes peut-être mais porteuses de nouvelles promesses. En effet, où se trouve aujourd'hui la civilisation grecque antique qui a en son temps rayonné et influencé le monde ? Et le savoir égyptien ?
L'histoire de l'humanité est une histoire faite de surprises et de discontinuités, des moment de saut et de pause.
L'Afrique a une responsabilité importante pour opérer une rupture, inventer sa propre voie, inaugurer une nouvelle ère. Elle doit avoir le courage de se mirer pour réinventer son rapport au monde. Elle ne peut se déroger à cette responsabilité interne. Les peuples qui émergent passent par ce moment de prise de conscience interne qui participe à l'émergence d'un désir profond de rupture. C'est la part de responsabilité que le continent doit prendre.
Mais il faut que les afro pessimistes fassent preuve d'humilité. Car l'histoire réserve des surprises. La situation actuelle de l'Afrique qui provoque ce regard parfois moqueur pourrait demain s'avérer salutaire pour l'humanité, en tant qu'elle serait pour elle la seule réserve de culture et d'humanisme viables. L'Afrique serait en quelque sorte cette semence dormante capable de féconder quand la bonne saison viendrait, lorsque les autres se seraient totalement dénudés sous le poids de leur désir d'autonomie et de leur propre orgueil....
Des partenaires au développement ont parfois eu à injecter de l'argent dans ces systèmes, espérant aider à une légère amélioration de la situation. Mais beaucoup d'entre eux sont repartis découragés par le manque de résultats encourageants. C'est alors que certains se demandent s'il vaut encore la peine de continuer d'aider l'Afrique.
J'ai été interviewé à plusieurs reprises par des journalistes occidentaux et cette question est toujours revenue : "Est-il encore possible de sauver l'Afrique ?"
En tant qu'africain, je suis profondément blessé par cette triste situation. Tous les africains n'ont pas choisi de vivre ainsi. Contrairement à ce que certaines gens mal informées pensent, les africains sont les premiers à souffrir de cette tragique situation. Et ils se sentent davantage humiliés quand des Occidentaux à longueur de journée répètent à leurs oreilles par l'entremise des médias ce qui va mal en Afrique. Cela ne fait que rajouter à leur misère. Malheureusement, les médias ne parlent pratiquement que des mauvaises choses qui se passent sur ce continent comme si tout ce qui se passe en Afrique n'est que du négatif, du barbare et du sauvage.
Les jeunes avec qui je parle sont préoccupés par ces réalités de terrain, qui souvent les révoltent. Certains se battent mais ils finissent par perdre courage, et finalement se retrouvent tentés par l'immigration, pour aller chercher ailleurs ce qu'ils n'arrivent pas à trouver chez eux.
Pourtant, je voudrai croire en la capacité de l' Afrique à rebondir. En effet, la survie actuelle de ce continent est déjà l'objet d'un miracle. Je ne sais pas quel autre continent aurait-il pu résister à tant de violences et d'humiliations subies tout au long de son histoire. En commençant par le monde Arabe puis le monde Occidental, chacun est venu ici chercher des esclaves, en se trouvant des complices africains, ou en usant de manipulation diverses y compris les choses matérielles. La colonisation vint noircir encore plus le tableau de ce rappport violent que le continent a eu avec le reste du monde. Mais l'Afrique reste encore debout même si elle ne tient qu'en s'arcboutant.
C'est justement parce qu'elle est encore capable de puiser en elle des réserves insoupçonnées qu'elle n'a pas disparue, déchiquétée et distribuée en petits morceaux. C'est pourquoi, nous sommes invités à être attentifs à cette Afrique qui est capable de rebondir.
Ceux qui sont si sévères vis-à-vis de l'Afrique gagneraient à être un peu plus humbles. En effet, si l'on jette un coup d'œil rapide sur l'histoire de l'humanité, l'on sera tout de suite éclairé et rendu humble. Nous savons du reste que l'Europe n'est pas parvenue à sa situation de développement actuel en un siècle. L'Europe a existé pendant plus de deux mille ans avant qu'elle ne connaisse son développement technologique actuel qui donne l'illusion dêtre très ancien. Mais nous devons rappeler à nos mémoires que dans les années 1940, il n'y avait pas encore de train électrique en Europe. En hivers, les maisons étaient chauffées au charbon . La révolution des nouvelles technologies de l'information n'a pas encore 50 ans. Toutes ces choses décrites comme la marque du développement s'offrent à nos mémoires comme des choses lointaines. Elles sont pourtant si nouvelles comparées à l'âge de l'humanité. Il y a simplement eu comme une accélération du cours de l'histoire, ce qui a permis à l'Europe d'être ce qu'elle est aujourd'hui. Je ne sais même pas si sa situation actuelle est fondamentalement enviable. Il se peut que l'histoire à venir nous en dise le contraire.
La Chine est aujourd'hui classée au rang de grandes puissances mondiales. Pourtant, qui aurait parié il y a juste 50 ans que la Chine serait au niveau où elle se trouve actuellement ?
L'histoire nous apprend aussi que les modernités et les civilisations se meurent, pour qu'en naissent d'autres, intrigantes peut-être mais porteuses de nouvelles promesses. En effet, où se trouve aujourd'hui la civilisation grecque antique qui a en son temps rayonné et influencé le monde ? Et le savoir égyptien ?
L'histoire de l'humanité est une histoire faite de surprises et de discontinuités, des moment de saut et de pause.
L'Afrique a une responsabilité importante pour opérer une rupture, inventer sa propre voie, inaugurer une nouvelle ère. Elle doit avoir le courage de se mirer pour réinventer son rapport au monde. Elle ne peut se déroger à cette responsabilité interne. Les peuples qui émergent passent par ce moment de prise de conscience interne qui participe à l'émergence d'un désir profond de rupture. C'est la part de responsabilité que le continent doit prendre.
Mais il faut que les afro pessimistes fassent preuve d'humilité. Car l'histoire réserve des surprises. La situation actuelle de l'Afrique qui provoque ce regard parfois moqueur pourrait demain s'avérer salutaire pour l'humanité, en tant qu'elle serait pour elle la seule réserve de culture et d'humanisme viables. L'Afrique serait en quelque sorte cette semence dormante capable de féconder quand la bonne saison viendrait, lorsque les autres se seraient totalement dénudés sous le poids de leur désir d'autonomie et de leur propre orgueil....
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire