mardi 29 novembre 2011
Des nouvelles outres pour du vin nouveau
La vérité crue qui se dégage des crises économique et financière actuelles est qu'elles ont échappées aux prédictions des économistes les plus outillés du monde. Cette situation n'est pas nouvelle car la crise de 1929 avait aussi surpris les économistes de l'époque. Ils n'ont pas réussi à prédire l'état de décomposition de l'économie et des banques, malgré les gros profits que les banquiers en tiraient. Lorsqu'on interroge les experts, personne ne semble être en mesure de dire avec assurance dans quel sens évoluera la situation, et encore moins quand elle s'arrêtera. Entretemps, la décomposition de l'environnement économique et monétaire continue de faire tomber des gouvernements en Europe. La seule certitude que nous obtenons des experts est finalement qu'ils ne savent pas vers où l'économie mondiale va et quand interviendra la fin de la récession.Drôle de science orgueilleuse qui ne sait plus prédire.
Malgré cette débâcle des économistes et des banquiers,ils semblent pourtant encore vouloir désespérément s'accrocher.Les responsables de gouvernements sont remplacés par des commis de la finance et des institutions monétaires en Italie, en Grèce et aussi ailleurs. Peut-être que ces experts ne sont pas encore arrivés à digérer leurs échecs. Comme les Occidentaux engagés dans la guerre en Afghanistan, ils ne savent plus comment s'en sortir. Essayent-ils de s'accrocher dans un élan de revanche pour ne pas perdre totalement la face? Si non, comment comprendre ce paradoxe où d'un côté ils font couler le bateau tandis que de l'autre, en Europe ils s'accaparent du pouvoir un peu partout?
La cure du Fond Monétaire International appliquée sans nuances en Afrique dans les années 80 n'avait pourtant pas réussi à sortir l'Afrique de sa situation. Au contraire. Elle avait entraîné une recrudescence des tensions sociales dans de nombreux pays. On avait forcé les gouvernements africains à tourner le dos à l'investissement dans les secteurs de l'éducation et de la santé. ET quand on tourne le dos à l'éducation, à la santé au nom d'une quelconque politique d'ajustement non adaptée, les formules financières finissent souvent par s'embrouiller. Les experts ont-ils retenus des leçons de leurs échecs en Afrique ? Ma crainte est que les politiques d'ajustement administrées actuellement à certains pays d'Europe ne débouchent elles aussi sur la naissance et l'élargissement des nids favorables au développement du désordre social, de l'instabilité.
La politique du tout économique semble ignorer les vrais besoins de notre monde actuel en quête des vrais leaders à même d'écouter les populations, de les servir de façon désintéressé. Notre monde a besoin de leaders capables d'inventer des solutions originales non encore trouvées. En fait notre monde est en quête de systèmes nouveaux. Le système ultralibéral a atteint son plateau. Il est en déclin et il est temps de réinventer un autre monde. Il est donc temps de penser à des paradigmes nouveaux. Il nous faut des nouvelles outres pour du vin nouveau!
Aujourd’hui, nous voyons partout que les choses ont tendance à migrer du centre vers les périphéries. Le fait que le pouvoir ait tendance à glisser du centre vers la périphérie, de l'institutionnel vers le non institutionnel, des puissants vers les faibles est de notre avis l'expression d'un désir de voir un autre monde émerger et qui soit profondément différent du monde actuel dominé par le tout économique. Notre monde en quête du nouveau semble malheureusement incapable de voir émerger une nouvelle génération de leaders aptes à tracer une nouvelle direction en proposer de nouvelles options fonctionnelles et pertinentes. Le temps n'est plus au réchauffement des vieux paradigmes devenus obsolètes qui ont peut-être servi nos sociétés pour un temps.
La gestion du pouvoir centralisé et fortement institutionnalisé doit céder un espace à la périphérie. Les forces du changement actuels sont en majorité des acteurs périphériques: ce sont les jeunes qui déclenchent le printemps arabe; ce sont des marginaux qui sortent par milliers à Wall Street, à Los Angeles, à Londres. Toutes ces places sont des symboles typiques de l'ancien paradigme du tout économique, de l'ultralibéralisme en chute libre. Ils ont servi la société Occidentale expansionniste et colonialiste de l'époque en lui permettant de piller, d'exploiter et d'accumuler.Mais cette période de l'histoire est révolue.
Nous avons l'opportunité de vivre un moment extraordinaire de l'histoire, une rupture épistémologique peut-être, une transition qui se déroule et que nous vivons en direct. De tels moments historiques sont rares qui permettent de voir des changements s’accélérer et devenir concrets en l'espace de moins de deux génération.Nous pouvons contribuer à ce changement pour le bien ou il peut nous entrainer dans un gouffre sans fin. En sommes-nous conscients ?
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